Un miracle en Champagne?
Bon, on résume le jeu d’équilibriste… Même pas un billet rouge pour une bouteille de champagne, le plus prestigieux vin effervescent au monde!
Malgré l’augmentation substantielle des accises en Belgique (1,92€/bouteille) et la hausse du prix du kilo de raisin champenois (entre 5,50€ et 7,50€ et il en faut 1,2Kg pour une bouteille…), ils y sont à nouveau arrivés. Ces magiciens seraient-ils capables de nous faire croire aux miracles? Deux éléments manquent encore dans le calcul, la TVA et l’éventuelle marge…
De là à imaginer des tailles et rebêchages en série puis l’intervention généreuse de la raffinerie sucrière… Psssst, tu médis Quitou. Va acheter une bouteille et tu en reparles APRÈS.
Deux jours plus tard. A ceux qui s’inquiétaient pour ma santé, merci, tout va bien.
Dégustation d’un champagne Brut Réserve Low Coast
Comme promis, voici ma perception de ce champagne Veuve Kamendy, produit au prix fracassant ou fracassé, c’est selon.
- La robe est avenante, sable à reflets paille, de bel éclat. Je ne m’étendrai pas sur les bulles, sachant que leur nombre et leur épaisseur dépendent pour une grande part de la propreté du verre.
- On y plonge. A l’ouverture, les notes aromatiques rejoignent rapidement le registre végétal et herbacé (mousse, fougère humide, rhubarbe). Ensuite, une certaine affabilité s’installe, illustrée par quelques notes de confiserie (bonbon acidulé à la pomme). Déjà un contraste donc, entre verdeur et flatterie doucereuse. Si le vin reste quelques minutes dans le verre, une petite touche d’amande apparaît. Mais légère, ne nous emballons pas.
- Première prise en bouche. La prise de mousse est massive à l’attaque, soutenue par une acidité tonifiante. C’est engageant.
Puis… L’effondrement. Une fuite en Égypte sans retour possible. Un hymne à l’éphémère.
Le vin se montre creux et sans âme, plutôt mou. Où est-il ? Aurait-il déserté le couard ? Pas de typicité variétale, peu de relief, un fruit quasi absent. Le toucher est flatteur, presque onctueux mais dans un style plutôt furtif, pour rester mesuré. Finale (difficulté à utiliser le mot) évanescente, révélant un dosage généreux, certainement indispensable pour équilibrer la végétalité. Selon moi, cette cuvée ne doit son salut qu’à ce dosage. - Deuxième prise en bouche. Rien de nouveau, les quelques éléments positifs confirmant le caractère malgré tout poltron de l’affaire. Et inutile d’accuser le pinot meunier, présent dans l’assemblage, d’être le coupable des faiblesses de cette cuvée. De nombreux vignerons tirent de belles expressions de ce cépage moins considéré.
Que retenir de l’expérience?
Ma conclusion est que cette bouteille ne devrait faire de mal à personne mais qu’elle représente tristement ce que le terroir champenois peut nous offrir.
Au risque d’en choquer certains, son contenu s’est vu rejoint rapidement et sans états d’âme dans mon verre par une dose d’Apérol, ce que je me garderais bien de faire avec les meilleurs cavas de ma cave…
Le point positif ? Le mot champagne, pour beaucoup synonyme de fête à la hauteur de son nom, potentiellement présent aussi sur les tables à budgets serrés. En l’écrivant, mes doigts cherchent malgré tout les touches du clavier, mes pensées s’orientant sans hésitation vers quelques amis producteurs de crémants et cavas de qualité, à prix très accessibles.
Enfin, à 2 heures de chez nous, dans les premiers villages du Massif de Saint-Thierry ou sur les terroirs proches de Reims et d’Épernay, et pour à peine 5€ de plus, vous ferez connaissance avec des champagnes de vignerons et leurs créateurs. Si vous filez dans l’Aube, dans les petits villages autour de Bar-sur-Seine ou Bar-sur-Aube, le choix à prix très raisonnables sera encore plus large!
Plus le temps de faire le voyage? Suggestion, pour les non convaincus. Achetez une bouteille de notre star du jour, que vous comparerez à l’aveugle avec celle que le caviste que vous ne connaissez peut-être pas encore vous aura conseillée. Vous avez de grandes chances de vous faire deux nouveaux amis : le champagne et celui (celle) que vous aurez rencontré(e).
Car ne l’oublions pas, nos meilleurs alliés pour un choix judicieux restent les cavistes, de quartier si possible. Pas forcément plus chers que certaines enseignes connues, ils sauront vous conseiller et vous orienter vers un choix que vous ne regretterez pas. Un choix partenaire, respectueux de vote budget et de vos envies et goûts personnels.
Belles fêtes de fin d’année à tous !
Q.
- Si vous hésitez entre Cava et Champagne, j’en parlais ici.
Bonjour,
Un beau résumé d’une expérience similaire vécue.
Je suis aussi convaincu que la Champagne n’est pas loin et qu’un petit trip annuel est amusant et permet de se procurer des pépites de petits vignerons
Bien ā toi
Gildo