Romanée Conti: Un coup de cœur, au-delà du vin

Romanée Conti: Un coup de coeur, au-delà du vin…

 

Oui, merci à Monsieur Aubert de Villaine du domaine de la Romanée Conti, peut-être encore davantage pour « l’esprit de vin » qu’il nous insuffle que pour ses flacons, inaccessibles pour tant d’entre nous.

Qu’est-ce qui distingue les « Grands domaines » des autres?

Eté 1998. A cette question, somme toute assez simple, mais qui taraude des milliers de propriétaires viticoles sur tous les continents, Aubert de Villaine, de l’illustre domaine bourguignon de la Romanée Conti, répond ceci…

« En ce qui concerne la vigne, c’est par l’équilibre et le respect des sols, la finesse du matériel végétal, le maintien des vieilles vignes peu productives, la rigueur dans l’exécution des divers travaux, l’exigence dans le choix de la date des vendanges et tous les détails à chaque étape de la naissance du vin, dont la somme donne un grand cru de terroir… avec, en corollaire, des rendements inférieurs à 30hl/ha ».

Et d’ajouter… « En matière de vinification, le mot clé de ma philosophie pourrait être « non-interventionnisme, tant que le raisin est respecté ».

Quand celui qui inspire depuis tant d’années un des plus grands vins du monde résume avec une telle force et si simplement l’esprit et la philosophie qui guident son travail, qu’ajouter?

• Que les contours du visage du vin sont déjà dessinés bien avant l’arrivée de la vendange au chai? C’est si bon de le réentendre…

• Que les interventions humaines (tri, pigeages, contrôle des températures,…) bénéficient encore plus puissamment à une matière « noble » et « bien née »? Evidence, trop souvent oubliée, qui rend hommage à une année complète de travail, au contact du terrain, par tous les temps.

– Que le pinot noir, peut-être encore plus que d’autres, est un cépage « lecteur-interprète » de son terroir, ce qui fait inévitablement reculer son expression variétale? L’affirmer, c’est faire preuve d’une forte compréhension du végétal qui inspire les vins bourguignons.

Rarement, cette puissante vérité aura été aussi légitimement assénée… La garder à l’esprit permet de réellement apprécier l’expression racée des grands bourgognes rouges de la Côte d’Or, profonds, délicats et complexes.

Même si ces vins-là sont trop rarement au rendez-vous de nos papilles. Pour des motifs, non financiers cette fois, qui feront l’objet d’un autre billet…

Ce témoignage m’inspire simplement ceci: « Quel que soit le domaine concerné, lorsque le talent se met au service de l’ambition et se voit rejoint par la sagesse, l’humilité, l’expérience et le bon sens, les limites du possible se voient considérablement repoussées ».

Dans l’univers viticole qui nous passionne, Aubert de Villaine nous ramène aux racines du vin. Il nous rappelle que toutes les cuvées peuvent être imaginées, rêvées et construites avec ambition, si longtemps avant de rejoindre nos verres. Et le pinot noir, sensible, capricieux mais immense lorsqu’il est compris, ne demande qu’à répondre à cette attente.

La boucle est presque bouclée quand Jean-Michel Deiss, un autre artisan de l’orfèvrerie viticole, alsacien celui-là, en rajoute une couche en résumant son rôle à ces quelques mots: « Je tente d’approcher le rêve de mes plants de vigne, en gardant ma place ».

Ce que nous ferons de ceci nous appartient. Mais l’invraisemblable force des mots simples est un des constats les plus passionnants qui soient. D’autres grands noms se sont exprimés, replaçant la vigne dans un rôle central qu’elle ne devrait jamais quitter. S’approprier cela, c’est en fait se rapprocher de la compréhension de leur magnifique travail.

Ecouter les Marcel Deiss, Egon Müller, Angelo Gaja, Aldo Conterno, c’est déjà apprendre à déguster.

Qu’en pensez-vous?

Q.

Pour en savoir plus sur ce domaine exceptionnel, c’est ici…