Le décor, une forteresse cathare perchée sur les sommets de la Montagne Noire, dans ce Languedoc sauvage et minéral qui a jadis vu l’opulente Eglise médiévale afficher violemment son intolérance vis-à-vis des chrétiens « puristes et non-violents ». La balade a été rude mais pas tant que la vie de ceux qui ont arpenté ces reliefs au Moyen Âge. Dans la tiédeur de cette fin de journée, je suis à la recherche d’un endroit calme et ressourçant car on ne sort pas indemne d’une telle épopée…
Ce sont les quais tranquilles du petit port de Homps, haut-lieu de transit du Canal du Midi qui vont me l’offrir. Durant de nombreux siècles, les gabares y ont défilé, chargées de barriques d’un vin costaud, fait pour le voyage, destiné à conquérir les marchés du Nord. Il se murmure ça et là que ces crus servaient à renforcer les vins du Bordelais, qui affichaient à l’époque un caractère insipide et sans relief…
Nous sommes dans le Minervois. Ici, la pierre est sèche, les capitelles nombreuses et les vignes se nichent là où la garrigue et les roches ont bien voulu leur laisser place. La viticulture prend le visage d’un défi, tant les éléments naturels semblent excessifs. Quelques hommes ont pourtant relevé ce défi. Dans ces terres magnifiques mais inhospitalières, Jean-Philippe Bourrel exprime une formidable compréhension du terroir et un remarquable talent de vinificateur.
C’est son Château de Fauzan Cuvée « La Balme » 2008 (AOC Minervois La Livinière) qui m’a offert un moment rare, que je ne résiste pas à partager avec vous… La Balme signifie « la grotte » en celte, à l’image de celles qui criblent les falaises des gorges du Causse Minervois. Est-ce le clocher byzantin de l’église de La Livinière qui a inspiré notre vigneron occitan? Toujours est-il que derrière la robe noire, presque d’encre malgré ses 4 ans, explose un bouquet empreint d’épices orientales, de poivre de Sichuan, clou de girofle et de cerise noire confite. En bouche, l’attaque est nerveuse. Reflet de la garrigue qui cerne les vignes, elle livre une texture droite, pure, qui gagne en souplesse au fil de l’aération, sans perdre de son caractère. Ensuite, les saveurs de figue confiturée, chocolat et de thym envahissent un ensemble qui trouve son prolongement dans une finale longiligne, ciselée, aux tanins assagis. Du grand art, au service d’un cassoulet de canard digne des meilleures tables de Castelnaudary.
Ce vin est né d’une rencontre, celle de deux cépages emblématiques de la région (syrah et grenache) avec un terroir extrêmement minéral et un vigneron qui a compris sa terre. Le Languedoc dans ce qu’il a de plus authentique!
Q.
Pour découvrir l’appellation Minervois La Livinière, c’est ici…
Qu’il est agréable de lire un article de qualité dans un design sobre et efficace. Chapeau les artistes 🙂
Bonsoir,
En lisant cet article, j’ai envie de déboucher une de mes 6 bouteilles de Minervois la Livinière qui m’attend dans ma cave… En espérant qu’elle sera tout aussi délicieuse que ce château Fauzan.
Fabuleuse appellation en effet…
Quel millésime de La Livinière attend en cave? Quel domaine?