Apprendre à déguster (1): Plantons le décor !

Apprendre à déguster, mais pour quoi faire?

Si nul ne peut raisonnablement prétendre que le vin soit essentiel à notre survie, il reste que d’aucuns n’hésitent pas, à tort ou à raison, à lui attribuer certaines vertus thérapeutiques. Cette précision établie, j’aimerais relever un constat que peu d’amateurs, avertis ou non, se risqueraient à remettre en question : l’apport du vin en plaisirs sensoriels est incontestable.

Chacun en conviendra, consommé avec modération, le vin peut nous aider à envisager la vie sous des jours nettement plus aimables. Ceux qui en abusent, en revanche, ne respectent ni le produit, ni le travail de l’homme qui lui a donné naissance, ni les principes de base de toute dégustation, qui s’appuient sur un précepte simple : déguster moins pour déguster mieux. Nous le savons, l’altération de la santé et de l’acuité des sens sanctionnent inévitablement tout excès.

Définitivement donc, l’exercice (ou jeu) de la dégustation s’oppose sans hésitation à l’acte de boire. Mesure et vigilance sont de mise, surtout si comme moi, vous êtes amenés à répéter l’exercice de façon très régulière. Il faudra donc apprendre avant toute chose… à cracher !

Quel est l’objectif poursuivi?

Au fil des différents articles de cette rubrique « Le Vin pour Tous », nous approcherons la dégustation comme une activité sérieuse et empreinte de rigueur mais aussi ludique et conviviale, à la portée de tous, qui stimule l’ensemble de nos fonctions sensorielles, dans le plaisir de l’analyse partagée, voire de la quête pour certains.

Ce sont naturellement l’olfaction (le nez) et la gustation (le goût) qui sont au premier chef concernées. L’analyse visuelle n’est pas en reste car si en aucune manière, elle ne permet d’évaluer la qualité du vin, les renseignements qu’elle fournit permettent de poser de sérieuses hypothèses. Quant à l’audition, elle n’entrera en jeu qu’au moment de l’échange des perceptions car le moment de dégustation proprement dit est en fait un voyage au centre de soi. Et pour y parvenir, le silence est encore notre meilleur allié.

Nous poserons donc les balises et principes de base nécessaires pour que chacun puisse s’approprier sa propre technique de dégustation.

On ne peut vraiment apprécier que ce que l’on connaît ; et il est illusoire d’imaginer connaître sans comprendre. Dès lors, je vais tenter de vous aider à comprendre, non seulement le vin lui-même, mais aussi tout ce qui, en amont, lui a prêté vie.

C’est avec plaisir et passion que je vous emmène dans l’univers fascinant de la dégustation. Au programme des prochaines semaines, le développement d’une technique de base. Mais pas seulement. Pour une meilleure compréhension du vin, l’exploration d’horizons bien plus larges s’impose.

Déguster, c’est aussi s’intéresser à l’histoire des régions viticoles, à la compréhension du végétal, à la géographie des vignobles, aux racines culturelles des acteurs du vin, à l’équilibre économique des appellations, à la géologie des terroirs, aux climats qui accueillent la vigne, aux accords gourmands à table…

Déguster, c’est apprendre à placer des mots sur ses ressentis, dessiner un portrait de la cuvée, enrichir son savoir par l’échange des perceptions.

Déguster, c’est aussi aller à la rencontre des hommes du terrain, par le vin qu’ils ont conçu, pour comprendre ce qu’ils ont cherché à créer, et évaluer de manière argumentée la capacité du produit fini de représenter dignement le terroir qui lui a donné vie.

Déguster, c’est parfois également ne plus réfléchir du tout, et se laisser prendre par le plaisir tactile et sensoriel, sans se poser de questions, sans vouloir tout expliquer…

Vous êtes prêts ?

Laissez-vous prendre par les narines et papilles et surtout, ayez confiance, car les dégustateurs les plus avertis sont ceux qui s’appliquent quelques valeurs simples : motivation, patience, entraînement (et oui, les devoirs à domicile seront indispensables !) et surtout, humilité. Car face au vin et à son histoire, il y a place pour la vérité de chacun.

Q.

Au programme du prochain article : Le véritable intérêt de la dégustation